SILENCE, ÇA COULE

P’tit, garder la face c’est épuisant. Regarde tes yeux, ils ne rient pas. Ton cœur est tout au bord et tu crispes tes lèvres. Tes mains ont la tremblote et tu blagues à toute heure. P’tit gars regarde-toi dans le miroir. Un instant, croise ton propre regard. Regarde, et dis-toi que tout va bien. Les larmes vont réclamer un peu d’attention p’tit. Ose leur dire d’aller se faire foutre, tu crois qu’elles vont t’écouter ? P’tit gars, pourquoi tu lâches pas ? Pourquoi tu fais le dur ? Tu veux prouver quoi ? Il te fait mal, c’est réel. T’as mal, et c’est pas un drame en soi. Accepte que ce soit un drame pour toi. T’as le droit de péter les plombs, le droit de hurler. T’as le droit de pas être gentil, le droit de chialer. T’es humain, t’es quelqu’un. Tu es toi, tu le sais. Tu sens comme ton cœur se serre au bord de ta gorge ? Tu sens ce souffle qui te manque, tu sens que tu veux tout claquer. Ça rien à rien de faire semblant p’tit. On peut pas se mentir à soi-même très longtemps. Tu crois faire pour le mieux ? Tu crois que ça te soulage ? Le bonheur vient en riant, la belle connerie. Tu laisses juste gonfler en dedans, pis un jour ça fera boom. On contrôle rien. Jamais. T’avais pas prévu ça, cette douleur au fond de toi. T’avais pas prévu ça, ce silence écrasant. T’avais rien prévu p’tit gars, car on prévoit jamais. T’as pris des cailloux dans la tronche, tu peux pas le cacher. T’as les marques sur le font, impossible à effacer. C’est rien, p’tit gars. Tu as le droit de pleurer.