LE DÉCHIREMENT DE L’ÂME

Lorsqu’on est malheureux à un endroit, il faut en changer.
La simplicité de cette réalité fait frissonner.
Le frisson d’une trouille indéfinissable et écrasante.
Le frisson d’une autre réalité qui se fait résonnante.
Le problème est certes analysé, compris, et intégré,
Mais le chemin à prendre se montre difficile à ébaucher.
Des décennies de mal-être ne disparaissent pas avec une révélation.
La souffrance s’atténue lorsque l’on arrive à lui donner un nom.
La mémoire vient ensuite confirmer la vérité.
Pour chaque chose on pense « c’est pour ça », et il est difficile de nier.
La douleur ne disparaît pas lorsque l’on voudrait que le problème soit ailleurs.
Quand la solution est une montagne à gravir sans endurance, en parfait amateur.
Ainsi, après le soulagement et l’euphorie du constat,
Viennent le poids pesant, le doute, et la peur du combat.
Si l’espoir de pouvoir se sentir enfin soi nous caresse,
Il est rapidement balayé par l’impuissance et la paresse.
Après la crainte du voyage qui nous attend,
Viennent tous les incessants questionnements.
Pourquoi ne pas déjà être au bon endroit ?
Pourquoi est née cette dysphorie en moi ?
Pourquoi ne pas m’accepter telle que je suis ?
Pourquoi ce corps est-il venu au monde ainsi ?
Comment la nature peut-elle être aussi hasardeuse ?
Comment peut-il exister de telles erreurs malheureuses ?
Comment est-il possible que le problème soit si grand ?
Comment ceci et comment cela, et finalement, quand ?
Et lorsque les pourquoi et comment sont exprimés,
Lorsque l’on comprend qu’ils sont impossibles à raisonner,
On devient capable, enfin, doucement, d’accepter.
Et moins lourds le poids et le doute, on commence à vouloir s’aimer.
Alors on accepte le combat, on est prêt à tout.
Et moins lourds le poids et le doute, on entame ce chemin qui nous mène à nous.