• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Blog
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

LA MÉMOIRE

La mémoire


À la rosée de ses jours, courbée, regard ridé et cheveux en bataille, la jambe bringuebalante, secouée par les tremblements, le dos rassis, des années sous la roche, les mains vibrantes aux doigts crépitants et disgraciés. Elle avance, elle continue. Sous son épiderme, sous cette couche de peau qui recouvre son être, le chaos a pris place. Endoloris, meurtris. Boitillante, elle se dirige vers une porte lumineuse. Elle traîne la patte, tient le haut de son corps pour qu’il ne se détache pas. Frémissante, dans la tamise, l’œil à demi éteint, cherchant la lumière. Sa pupille étincelle de ténèbres à devenir tourbillon de néant, gardant au centre ce point chatoyant. Et cette voix, et cette voix. Forte qu’elle devient, cri qu’elle devient. Sur son front, effluves de moiteur, écume glissante, chaude et épaisse. Jusqu’à sa joue son chemin se trace. Genoux craquants jusqu’à la hanche, côtes cherchant le moyen de percer une sortie dans sa chair. De sa main, elle essuie son visage, lèvres pâles et trémmulantes. Si la voix lui dit de s’arrêter, même en rampant elle persistera. Jusqu’à son dernier souffle, la dernière petite brise pouvant s’échapper de son goulot et de son nase, brûlante ou grelottante, le centre de sa pupille sera reluisant. Et des chaînes aux chevilles. Et le sang battant sous ses tempes. Elle désire voir l’oubli, le silence.

Laisser un commentaire